Politique

Le risque écolopolitique 3 : peur de la peur

Dans le monde moderne, le vent ne sert plus guère qu'à propulser des voiliers de plaisance, et à produire du courant électrique. La nature physique de ce dernier, fatale et inévitable, interdit de le stocker, et contraint donc &agarve; le générer en fonction de la demande. Pour en produire avec du vent il faut alors, une fois les pièges éoliens définitivement mis en place, que ce dernier se manifeste au moment opportun, dans l'intensité nécessaire et avec la durée voulue, faute de quoi on produit trop d'énergie, ou pas assez. Utiliser la force du vent revient, en d'autres termes, en ce début de XXIème siècle, à recourir à la technique de nos ancètres, les chasseurs-cueilleurs, qui récoltaient ce qui leur tombait sous la main. À la marge, d'ailleurs, même ici et aujourd'hui, ce mode de production subsiste, pour les champignons ou les fruits des bois, par exemple. Et de même pourrait-on sans doute, à la marge, produire avec le vent quelques fractions de l'énergie nécessaire, et sans doute moins que les 8 % des besoins globaux que la BWEA estime possibles pour la Grande-Bretagne en 2010. Encore cette association d'industriels, même si elle plaide pour sa chapelle ce qui, après tout, est sa raison d'être, sait garder une mesure qui échappe totalement, ce qui ne devrait surprendre personne, à Greenpeace.
La branche britannique de la multinationale a commandé au cabinet Garrad Hassan, le spécialiste en la matière, une étude prospective détaillée, Sea Wind Europe, dans laquelle elle trace le plan qui permettra, en 2025, de produire 25 % de l'énergie électrique européenne avec du vent, et cela, pour l'essentiel, avec des installations en mer, plus chères et plus difficiles à entretenir que leurs équivalents terrestres, mais qui devraient profiter de vents mieux établis.

Au fond, égoïstement, on souhaiterait qu'une telle démarche aboutisse, à condition d'aller jusqu'au bout de son propos. Car, dans l'argumentaire éolien, une pièce manque : puisque ses promoteurs revendiquent un facteur de charge, c'est à dire une production moyenne en fonction de la capacité maximale théorique des générateurs, de 30  %, faisont en sorte, en calculant large, que chaque mise en service de 100 Mw d'aérogénérateurs entraînent obligatoirement la mise hors service de 30 Mw de centrales thermiques.
RWE : Bergheim/Koln : lignite 1100 mw nouvelle tranche 03 Neurath/ Neuss 2 tranches projet : 2,1 milliards d'euros malgre decouverte catastrophique - terreir de grands hamster citerus citerus http://www.bund-nrw.de/pm392004MissbrauchderUmweltfrage.htm Trianel : avril 05 : 800 mw cogeneration a Aix la chapelle - turbines Siemens Mark-E : Hagen : 400 mW cogeneration - Siemens juin 05

Le Danemark fournit ainsi l'exemple d'un système où le législateur a sommé la réalité physique de se conformer à ses exigences, et de fournir du vent en quantité nécessaire et suffisante pour que tout un chacun puisse alimenter les éoliennes qu'on pouvait librement construire. N'ayant pus obtenir de réponse faute de destinataire identifiable, le législateur s'est alors tourné vers un tiers, en l'occurence les opérateurs de réseau électriques. Il ne fait guère de toute que ceux-ci s'exécuteront, achèteront le courant éolien qu'il seront forcés d'utiliser sans avoir la possibilité de pousser jusqu'au bout sa logique, le délestage en temps normal, l'interruption totale de la fourniture du courant pour une période par définition indéterminé dans les situations critiques. Puisque la fourniture permanente des intensités demandées restera le seule option possible, les opérateurs mettront en oeuvre les moyens n&eacuet;cessaires, notamment, comme dernièrement RWE, en construisant de nouvelles centrales à charbon, et ne achetant, si besoin est, les permis d'émission gràce auxquels ils se conformeront à la réglementation. Ainsi, trés probablement, leur vertu écologique viendra plus du charbon et des permis que de l'éolien.

On peut difficilement imagine que l'accumulation de ces ruisseaux permettra de former un fleuve suffisamment puissant pour générer toute l'énergie propre dont on a besoin.

Tant il est difficile de s'avouer s'être trompé avant d'avoir épuisé toutes les voies de recours en constatant que les chemins que l'on explore mènent à une impasse.

Comme le détaille Françaois Ewald, l'amélioration de la sérité, qui, par exemple, à produit, en Europe occidentale, une énorme diminution des rejets polluants depuis que, dans les années 70, on a commencé à se préoccuper du problème, ne produit rien d'autre qu'une augmentation des exigences en matière de sécurité, laquelle sera à la fois validé et socialisée par la production de nouvelles normes qui n'auront d'autre destin que d'être, à leur tour, remplacées par des normes plus strictes. Or, bien souvent, les données manquent, non pas seulement pour fixer ces nouveaux seuils qui ne répondent à aucune autre logique que celle de la négociation entre parties prenantes, comme dans le cas de REACH, mais, de façon beaucoup plus fondamental, pour savoir ce qui est dangereux, et dans quelles conditions. C'est pourquoi, très tôt, on a produit, dans le domaine du cancer ou des rayonnements, la notion de linéarité sans seuil, hypothèse sans aucune confirmation au départ, largement considéré comme sans fondement aujourd'hui mais qui, produisant un énorme effet de réel, se trouve désormais, au sens propre, sanctifié.
On ne peut manquer de constater, sans une certaine ironie que, répondant, comme bien des phénomènes physiques, à des lois de rendements décroissants, qui rendent pour l'instant extrémement onéreux les efforts indispensables pour s'adapter aux normes, avant de propulser celles-ci, sauf à inventer une nouvelle physique ou une chimie non chimique, hors des fronti&eagrave;res du monde que nous habitons, le progrès incessant des exigences écologistes entre en contradiction avec la notion même de nature, comme donnée à laquelle on ne peut, dans les faits, rien ajouter qui n'existe déjà, et dont on peut seulement utiliser les éléments qu'elle nous donne pour les combiner &agrve; l'infini. En d'autres termes, l'exigence radicale de la puretéécologique est tout sauf écologique, puisqu'elle refuse de prendre en compte la réalité des contraintes imposées par un milieu infiniment moins riche que les artefacts humains développés au cours des siècles avec des trésords d'imagination, et fait comme si l'impossibilité de satisfaire leurs exigences ne procédait que de la mauvaise volonté du scientifique.

Denis Berger 2005

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