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Le risque écolopolitique 3 : peur de la peur | |
Dans le monde moderne, le vent ne sert plus guère qu'à propulser des voiliers de plaisance, et à produire du courant électrique. La nature physique de ce dernier, fatale et inévitable, interdit de le stocker, et contraint donc &agarve; le générer en fonction de la demande. Pour en produire avec du vent il faut alors, une fois les pièges éoliens définitivement mis en place, que ce dernier se manifeste au moment opportun, dans l'intensité nécessaire et avec la durée voulue, faute de quoi on produit trop d'énergie, ou pas assez. Utiliser la force du vent revient, en d'autres termes, en ce début de XXIème siècle, à recourir à la technique de nos ancètres, les chasseurs-cueilleurs, qui récoltaient ce qui leur tombait sous la main. À la marge, d'ailleurs, même ici et aujourd'hui, ce mode de production subsiste, pour les champignons ou les fruits des bois, par exemple. Et de même pourrait-on sans doute, à la marge, produire avec le vent quelques fractions de l'énergie nécessaire, et sans doute moins que les 8 % des besoins globaux que la BWEA estime possibles pour la Grande-Bretagne en 2010. Encore cette association d'industriels, même si elle plaide pour sa chapelle ce qui, après tout, est sa raison d'être, sait garder une mesure qui échappe totalement, ce qui ne devrait surprendre personne, à Greenpeace. Au fond, égoïstement, on souhaiterait qu'une telle démarche aboutisse, à condition d'aller jusqu'au bout de son propos. Car, dans l'argumentaire éolien, une pièce manque : puisque ses promoteurs revendiquent un facteur de charge, c'est à dire une production moyenne en fonction de la capacité maximale théorique des générateurs, de 30 %, faisont en sorte, en calculant large, que chaque mise en service de 100 Mw d'aérogénérateurs entraînent obligatoirement la mise hors service de 30 Mw de centrales thermiques. Le Danemark fournit ainsi l'exemple d'un système où le législateur a sommé la réalité physique de se conformer à ses exigences, et de fournir du vent en quantité nécessaire et suffisante pour que tout un chacun puisse alimenter les éoliennes qu'on pouvait librement construire. N'ayant pus obtenir de réponse faute de destinataire identifiable, le législateur s'est alors tourné vers un tiers, en l'occurence les opérateurs de réseau électriques. Il ne fait guère de toute que ceux-ci s'exécuteront, achèteront le courant éolien qu'il seront forcés d'utiliser sans avoir la possibilité de pousser jusqu'au bout sa logique, le délestage en temps normal, l'interruption totale de la fourniture du courant pour une période par définition indéterminé dans les situations critiques. Puisque la fourniture permanente des intensités demandées restera le seule option possible, les opérateurs mettront en oeuvre les moyens n&eacuet;cessaires, notamment, comme dernièrement RWE, en construisant de nouvelles centrales à charbon, et ne achetant, si besoin est, les permis d'émission gràce auxquels ils se conformeront à la réglementation. Ainsi, trés probablement, leur vertu écologique viendra plus du charbon et des permis que de l'éolien. On peut difficilement imagine que l'accumulation de ces ruisseaux permettra de former un fleuve suffisamment puissant pour générer toute l'énergie propre dont on a besoin. Tant il est difficile de s'avouer s'être trompé avant d'avoir épuisé toutes les voies de recours en constatant que les chemins que l'on explore mènent à une impasse. Comme le détaille Françaois Ewald, l'amélioration de la sérité, qui, par exemple, à produit, en Europe occidentale, une énorme diminution des rejets polluants depuis que, dans les années 70, on a commencé à se préoccuper du problème, ne produit rien d'autre qu'une augmentation des exigences en matière de sécurité, laquelle sera à la fois validé et socialisée par la production de nouvelles normes qui n'auront d'autre destin que d'être, à leur tour, remplacées par des normes plus strictes. Or, bien souvent, les données manquent, non pas seulement pour fixer ces nouveaux seuils qui ne répondent à aucune autre logique que celle de la négociation entre parties prenantes, comme dans le cas de REACH, mais, de façon beaucoup plus fondamental, pour savoir ce qui est dangereux, et dans quelles conditions. C'est pourquoi, très tôt, on a produit, dans le domaine du cancer ou des rayonnements, la notion de linéarité sans seuil, hypothèse sans aucune confirmation au départ, largement considéré comme sans fondement aujourd'hui mais qui, produisant un énorme effet de réel, se trouve désormais, au sens propre, sanctifié. Denis Berger 2005 | |
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